Trois mois sur le sol américain : l'heure du bilan a sonné - Léo aux USA - Rotary Youth Exchange

Désolé d'interférer dans ma série d'articles à propos du patriotisme, que je vais continuer sans faute, mais je tenais à écrire un article-bilan pour ce premier tiers de mon année d'échange !

Le 14 août 2010, à 10h40, j'étais supposé décoller de l'aéroport Paris Charles-de-Gaulle pour m'envoler en direction des Etats-Unis. Faute de chance, ce jour-là j'avais oublié un papier, disons important, ce qui a eu pour légère conséquence de retarder mon vol de deux jours. Je me souviens très bien du moment où l'agent de sécurité m'a dit "Je suis désolé, mais j'ai bien peur que vous ayiez besoin de prendre un autre vol..." alors que j'allais embarquer, et des 7 heures à attendre dans l'aéroport que mon père vienne me chercher (évidemment, c'était un jour chargé sur les routes !). C'était une bonne expérience je suppose, et un peu marrant de me transformer en "clochard" d'aéroport à dormir sur mes valises et manger des sandwiches surgelés.

Deux jours plus tard, même heure le lundi matin, je m'envolais finalement. Tous mes papiers en poche cette fois-ci... et me voilà assis à côté d'un espagnol dans l'avion avec un équipage qui ne parle pas français. Ironique, n'est-ce pas ? J'arrive dans l'aéroport, j'ai le droit à tous les contrôles, on me pose des questions en anglais que je comprends difficilement... mais je suis finalement dans la voiture avec Betsy ! Je découvre ma petite ville, ma belle maison, la chaleur épouvantable, et je commence même à appeler Laura pour qu'elle me fasse un tour du coin.

Quand je pense à tous ces premiers instants, la dernière semaine en France et la première ici, tout ça me parait si loin et si différent... Maintenant c'est ma vie. Tout ce qui me semblait nouveau, je m'y suis habitué. Même ce que j'ai fait il y a trois semaines me semble lointain, tellement la situation évolue tous les jours ! Je vais diviser cet article en trois parties : le plan familial, le plan social et le plan linguistique.

Ma famille d'accueil

Je commence par préciser que je change de famille d'accueil dimanche 28, soit la semaine prochaine. Je vais habiter chez Jennifer et Russ Dunn-foster et j'aurai une petite soeur d'accueil de 11 ans, Josie (de son vrai nom Joséphine).

Même si j'avais parlé avec Betsy et Kent par e-mail avant d'arriver ici, c'est comme si je ne les connaissais pas, finalement. Je veux dire (en me relisant je me rends compte qu'on ne dit pas vraiment ça en français ?), maintenant je les connais bien, mais quand je suis arrivé c'était des étrangers, malgré tous ces mots échangés sur l'ordinateur. C'est assez pathétique quand je pense au premier mois passé avec eux, ils m'emmenaient dans des endroits pour voir leurs amis, sur des lacs, etc. J'étais émerveillé par tout ce que je voyais mais je pense que si je le refaisais maintenant je trouverais ça plutôt chiant, surtout maintenant que j'ai des amis et des choses "plus intéressantes" à faire... Haha. Sérieusement, quand on arrive en terre inconnue on trouve tout intéressant. Le moindre panneau sur l'autoroute te donne envie de prendre une photo parce que c'est écrit en anglais. C'est ça qui est génial, c'est comment tu peux passer d'une vie que tu trouves étonnamment chiante à une vie étonnamment intéressante. Et le pire c'est que dans celle que tu trouves chiante tu es habitué à faire des trucs avec des amis, aller au cinéma, manger à l'extérieur, etc. Et dans ta nouvelle tu ne fais quasiment rien mais tu vois de nouvelles choses, et puis c'est dans une langue étrangère.

Pour en revenir à Kent et Betsy, je n'ai pas réellement senti au début qu'ils étaient habitués à recevoir des étudiants d'échange. Et pourtant, j'aurais dû, je suis quand même "leur" dixième ! La plupart d'amérique du sud, plus une suisse, une française, un italien... Et tous ont dormi et passé beaucoup de temps dans MA chambre. C'est en quelque sorte une chambre internationale... L'autre jour j'ai retrouvé un colier avec dessus "01", signifiant promotion de 2001. Cela fait quand même bizarre de se dire que ce que tu crois tiens n'est en fait qu'une sorte de location. C'est à toi temporairement. Mais cette sensation n'est pas mauvaise du tout, il est simplement difficile de s'imaginer 9 autres adolescents ayant vécu dans la même maison avec les mêmes parents d'accueils ! Et qui sait, peut-être qu'il y en aura d'autres après moi.

Kent et Betsy vont me manquer, beaucoup. Le premier mois je me suis dit "ils sont sympas mais ça ne va rien me faire de changer de famille, la deuxième est super aussi", le deuxième aussi. Maintenant, je me rends compte qu'on est devenus proches, et que finalement cette maison n'est pas qu'un hôtel ! A quelques jours du départ je ne suis cependant pas triste, je sais que je vais les revoir cette année. Cela ne sera simplement pas tous les jours. Je sais que cette maison sera la mienne pour la vie, et que si je reviens dans 10 ans ils m'accueilleront comme si rien ne s'était passé ! J'ai maintenant, officiellement, deux pères et deux mères. Ainsi qu'un chien, accessoirement.

Il va maintenant falloir penser à mon déménagement, et au camion dont je vais avoir besoin pour prendre mes 5 valises. Haha.

Mes amis

Les amis... sujet intéressant. Quand je suis arrivé ici, ma seule amie était Laura. Et elle est partie une semaine après mon arrivée. Heureusement pour moi j'ai quand même fait des choses avec Diana et sa soeur d'accueil, qui a des amis américains. Je suis allé aux matches de football américain où j'ai rencontré des gens, j'ai commencé l'école, et trois mois plus tard me voilà avec une vie sociale plus chargée qu'en France ! En réalité ce n'est pas aussi simple. Pour commencer, si vous êtes timide vous allez prendre trois mois de plus. Autant être honnête. Si vous voulez vous faire des amis, même si les gens vont venir vers vous, vous avez plutôt intérêt à "être au taquet", et faire rire les gens avec des choses stupides. Cela semble simple, pour moi je n'ai pas eu à travailler trop là-dessus étant donné que je ne suis pas de nature timide (et puis bon, maintenant que je suis ici, je n'ai pas trois mois à perdre n'est-ce pas ?). Mais je sais que la plupart des étudiants d'échange ici n'ont pas une vie sociale aussi chargée. Je suis chanceux, j'ai rencontré Christian alors que l'école n'avait que fraichement commencée, et il a commencé à m'emmener partout, y compris à l'école tous les matins. Je peux maintenant dire que c'est mon meilleur ami ici, et j'ai aussi Diana et Juan en tant que très très bons amis ! J'ai beau avoir d'autres amis, avec qui je prends plaisir à faire des choses, c'est réellement important d'avoir deux ou trois personnes avec qui tu es sûr de t'amuser, de pouvoir raconter ta vie, tes problèmes, etc. Et le mieux avec ces personnes, c'est que je peux affirmer qu'on sera amis pour longtemps, et que notre amitié est très différente de ce que j'ai connu. De ce que tout le monde a connu. Je sais déjà que j'irai voir la ville de Juan et Diana, en Colombie. Et je veux qu'ils viennent me voir en France. Je retournerai voir Christian, ici, à Owatonna.

Je tiens cependant réellement à préciser que je suis un cas à part. Les autres étudiants d'échange que je connais ici ne sont pas aussi chanceux que moi. Peut-être que c'est parce qu'ils n'ont pas eu autant de culot que moi, peut-être pas. Ne pensez pas que c'est merveilleux pour tout le monde, mais cela l'est pour moi !

La langue

Ce serait mentir que de dire que je suis capable de traduire cet article. J'entends par là, traduire en anglais toutes les émotions que j'arrive à faire passer en français. Ce qui est vrai, par contre, est que je pourrais dire tout ce que j'ai dit en anglais, d'une manière plus simple. Je sais que j'ai un vocabulaire beaucoup plus riche depuis que je suis ici, même si pour moi j'ai l'impression de ne pas savoir comment m'exprimer. Pour résumer la situation, voici comment j'ai progressé : premier mois, j'ai énormément progressé et à la fin j'arrivais à m'exprimer convenablement. Très pauvrement, mais je comprenais à peu près ce qu'on me disait. Deuxième mois, énormes progrès aussi, et à la fin, je comprenais encore mieux. A la fin du troisième mois, et début du quatrième, je peux être fier de vous annoncer que je comprends tout ce qui m'est dit, que ce soit à l'école, avec mes amis ou parents d'accueil. Je comprends à peu près les paroles dans les chansons, mais j'avoue que c'est plus dur. Quant aux films, je comprends tout aussi ! J'arrive très bien à m'exprimer, j'arriver à faire des blagues de temps en temps, à jurer, dire des mots en "argot"... Maintenant j'ai juste à travailler sur la prononciation. Et ça peut vous sembler bizarre, mais en ce moment mon plus grand défi est le "th", parce qu'en France on n'apprend vraiment pas comment le faire. Je pense que je progresse bien à ce niveau là car mes parents d'accueil m'ont juste dit ce soir que j'étais en train de perdre mon accent ! Ce n'est pas que c'est mon but, c'est toujours bien d'avoir un accent, mais c'est réellement un signe de progrès.

Je suis content de rester une année entière. Je pourrais rentrer en France dès maintenant et parler courramment un anglais satisfaisant, mais en restant un peu plus de 8 mois encore, je vais vraiment avoir le temps de le peaufiner et gagner encore en vocabulaire. Ce qui est sûr au moins, c'est que la langue n'est plus vraiment une difficulté maintenant. Ca enlève du piquant à l'expérience, pour sûr...

Statistiques du blog

Date de création :	03/02/2010
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Il y a généralement environ 20 personnes différentes à visiter le blog chaque jour. Trois quarts arrivent sur le blog directement en tapant l'adresse, le reste via un moteur de recherche. J'ai eu l'agréable surprise aujourd'hui de voir que si on tape "I pledge allegiance to the flag of the united states of america en français" je suis le premier résultat ! En tout cas les statistiques sont plutôt stables depuis septembre, mais c'est en légère progression ! Je tiens à tous vous remercier, pour lire mon blog, pour laisser des commentaires, pour m'envoyer des e-mails. Si vous voulez partir l'an prochain, gardez en tête que j'étais comme vous il y a un an, et que je suis maintenant en train de vivre mon rêve. Restez motivé et prenez votre mal en patience !